Par Boris Lejude
Il y a des métaphores qui marquent, parce qu’elles nous renvoient à ce qu’on vit sans toujours oser le dire. En ce moment, dans mes discussions avec des collègues, amis ou entrepreneurs, deux images reviennent souvent. L’une respire l’épuisement, l’autre l’absurde efficacité. Je les appelle : le hamster et le couteau suisse.
Hamster ou couteau suisse ?
Le hamster, c’est celui ou celle qui pédale dans sa roue sans fin. Fatigue dans le regard, sourire en coin : « J’avance, mais je ne vois plus pourquoi. » Tout semble tourner, sans jamais s’arrêter.
Le couteau suisse, lui, est multitâche. Utile, disponible, toujours prêt. Trop prêt. Il ou elle fait tout. Même l’ingrat. Avec un soupir résigné : « Je n’ai pas le choix. »
Derrière ces deux figures, une même réalité : la contrainte. On ne vit plus, on s’adapte. On n’avance plus pour construire, on court pour ne pas tomber.
Et on s’épuise.
La fausse sécurité de l’hyperactivité
On pourrait croire qu’être dans l’action permanente, c’est rassurant. Être utile, c’est gratifiant, non ? Mais cette course effrénée cache souvent un vide : plus de repères, plus de vraie direction, juste un besoin de rester en mouvement pour ne pas penser. On remplit l’agenda, mais pas le cœur.
Le hamster fuit le vide. Le couteau suisse veut prouver qu’il mérite sa place.
Les deux sont prisonniers d’un système où le sens se dissout dans la productivité. Et dans ce système, on oublie une chose essentielle : nous ne sommes pas des fonctions, mais des êtres humains.
Se reconnecter à soi : la révolution silencieuse
Bonne nouvelle : il existe une porte de sortie. Pas dans un changement radical ou une retraite à Bali, mais dans un geste simple : s’arrêter.
Prendre du recul, c’est reprendre les commandes. C’est interroger : Qu’est-ce que je veux vraiment ? Où est ma place ? Et surtout : Qu’est-ce que je choisis de ne plus faire ?
Le vrai luxe aujourd’hui, ce n’est pas d’avoir du temps, c’est d’avoir un projet personnel.
Pas besoin qu’il soit énorme. Il peut commencer par une question : Qu’est-ce que j’aimerais vivre de plus vrai cette semaine ? Un moment sans écran, une balade, une conversation profonde, une sieste. Ce n’est pas futile. C’est vital.
De la “to do list” à la “to be list”
On nous pousse à faire. Toujours plus. Et si, pour une fois, on se demandait : Qui ai-je envie d’être ?
👉 Moins de choses à cocher.
👉 Plus d’états à incarner : être présent, être libre, être en paix.
Ce petit shift change tout. Il ne résout pas tout, mais il redonne du souffle. Il permet de sortir de la position d’objet (pris dans les projets des autres) pour devenir sujet (acteur de son propre chemin).
En conclusion : respectez votre rythme
Le hamster peut tomber en dépression s’il ne peut plus courir. Le couteau suisse peut se blesser s’il est mal utilisé. Aucun des deux ne peut continuer indéfiniment sans casse.
Alors, ralentis. Prends une heure. Une journée. Une respiration. Autorise-toi ce « voyage intérieur » dont parle Christophe André, cette reconnexion douce à ce qui t’habite vraiment.
Et rappelle-toi : tu n’as rien à prouver. Tu as simplement à être.